PHILIPS type 898A



Récepteur N°1 : Réparations et réglages afin d'obtenir un fonctionnement général satisfaisant sur toutes les gammes




19. Réparation de l'ampli FI

Précisions

L'alignement d'un super-hétérodyne consiste à vérifier que la fréquence de l'oscillateur local est bien différente de la fréquence reçue, d'une valeur égale à la fréquence intermédiaire.
Cette vérification se fait sur toutes les gammes et en général, en 2 points de chacune d'elles, un point en haut de gamme (fréquence maxi, CV mini donc), l'autre en bas (fréquence mini, CV max)

Seulement, avant de faire cette vérification, il faut être sûr que la lampe convertisseuse, celle qui assure la fonction de mélange et la fonction d'oscillation, fonctionne correctement. Il faut également être sûr que l'étage HF s'il existe, fonctionne bien !
Comme on utilise l'amplificateur FI et l'étage de détection pour faire l'alignement, il faut aussi que ces 2 fonctions soient assurées correctement (c'est pour cela qu'on vérifie toujours l'ampli FI avant l'alignement)


Réparation du câble

Il reste à réparer le câble de commande de réglage de couplage du second transfo FI. Sans cette réparation, l'ampli FI n'aura pas la bande nominale, on risque des erreurs ...

J'ai réussi à trouver du câble 7 brins, diamètre total de 0,8mm et de la gaine, dont le diamètre intérieur est de l'ordre du mm. Voici l'ordre des opérations de réparations de cette commande :

Insertion de la tête de l'embout du câble dans l'encoche de la pièce mobile du transfo FI

L'embout est formé de 2 bouts de tubes en laiton, soudés l'un l'autre afin de faire une sorte de clou creux à grosse tête. L'embout mesure environ 10 mm de long et il suffit de l'écraser à la pince sur le câble pour sertir.


On tire le câble de façon à ce que la tête de l'embout se coince dans la cuvette



On enfile le ressort sur le câble



puis l'étrier de réglage ...



...qu'on fixe sur le transfo grâce aux 2 écrous



La gaine que j'ai est trop courte, j'ai donc utilisé 2 morceaux ...



... que j'ai assemblé à l'aide d'un bout de tube de 2mm intérieur, que j'ai légèrement écrasé pour le sertir sur les 2 bouts de gaine



une fois le câble coupé à la bonne longueur, sertissage d'un autre embout



et accrochage de cet embout dans le levier de renvoi



Il faut tendre le câble modérément grâce au canon fileté (en vert) qu'on dévisse plus ou moins et qu'on bloque avec le contre-écrou (en jaune)

On vérifie le fonctionnement de la manière suivante :



Monobouton complètement à droite : levier de renvoi relâché, le ressort tire le câble que j'ai changé




Monobouton complètement à gauche : levier de renvoi abaissé, le câble que je viens de changer est tendu, le ressort compressé

Voici une photo de l'ensemble de la commande du second transfo FI (cliquez pour l'agrandir) :



20. Vérification de l'étage HF

La vérification consiste à mesurer les tensions des électrodes de la lampe, antenne débranchée (donc CAG nulle).
En effet, la tension de cathode (aux bornes de la résistance de polarisation automatique) renseigne directement sur le courant total cathodique, donc sur la force de l'émission électronique de la cathode, donc de l'usure de la lampe.
J'ai mesuré cette tension : 2,3V. Compte tenu que la résistance R42 vaut 250 ohm, le courant de cathode est donc de 9,2mA.

On peut également mesurer la tension d'écran et la tension d'alimentation d'anode (en amont du primaire du transfo de liaison).
Si ces tensions sont produites à partir de la HT par une résistance série, on pourra en déduire l'intensité dans chaque circuit.
Sur ce poste, la tension d'écran est produite par un pont diviseur (R2/R3) on n'a donc pas de résistance série, on ne peut pas calculer directement le courant d'écran.
En revanche, l'alimentation d'anode est produite à partir du +HT par la chute de tension dans R44 de 1k.
Il est plus rationnel de mesurer directement la tension aux bornes de R44 : 6,3V. On en déduit donc que le courant anodique est de 6,3mA.
Par différence, on calcule le courant d'écran : 2,9mA (9,2-6,3).

Voici à titre indicatif, une partie de la doc Tungsram de la AF3 (cliquez pour télécharger le PDF complet) :


Cette partie correspond à une tension d'écran de 85V. On lit que le courant d'anode doit être de 7,5 mA avec une polarisation de grille de -2V.
A cette polarisation, la pente est de l'ordre de 2mA/V. Le fait d'avoir une tension de cathode de 2,3V, abaisse le courant d'anode de 0,3x2 = 0,6mA, soit 6,9mA.
La valeur calculée suite aux mesures, 6,3mA n'est vraiment pas loin de la valeur nominale, 6,9mA. On peut en déduire que la lampe est bonne à plus de 90%.


On peut aussi injecter un signal à une certaine fréquence, régler l'accord pour recevoir cette fréquence et mesurer :
- l'amplitude du signal sur l'entrée d'antenne
- l'amplitude du signal sur la grille modulatrice de la lampe suivante

Et en déduire le gain de l'étage complet, lampe + filtre de bande. En effet, bien que la lampe en elle-même ait un coefficient d'amplification énorme (pente de 2mA/V et résistance interne de plus d'1 Mohm), il ne faut pas oublier qu'on a une succession de filtres de bandes qui atténuent le signal.
D'autre part, pour l'instant, l'alignement n'est pas fait, donc ces filtres ne sont pas forcément réglés correctement.
Cette mesure doit se faire en annulant la polarisation de la lampe (donc en court-circuitant la CAG) afin d'avoir le gain maximal.

Voici le point de mesure de la tension de sortie, sur C84 :


et les oscillogrammes relevés en GO :

En bas de bande, à 140kHz, si on fait le rapport des amplitudes, on trouve un gain global de 8 environ



En haut de bande, à 420kHz, on a un gain global de 10 environ

Ces valeurs de gain ne sont pas très grandes, et d'ailleurs, j'ai pu remarquer, en faisant varier la fréquence du générateur, que le maximum était flou, il y a même en bas de bande, plutôt 2 maximums.
Ceci prouve qu'au moins en GO, l'alignement est à faire !



21. Vérification du mélangeur

La mesure des tensions d'écrans de la lampe et celle de cathode (lorsque la polar est automatique) renseigne sur l'état d'usure de la lampe.
En effet, lorsque la lampe est usée, elle débite moins. La tension de cathode est plus faible que la normale. Le courant d'écran est plus faible aussi, la chute de tension dans la résistance (ou le pont) d'alimentation est plus faible, donc la tension d'écran est supérieure à la normale.
On peut aussi passer la lampe au lampemètre.
Dans ce genre de lampe, qui contient aussi la fonction d'oscillation locale, la cathode est commune, même dans les triodes-hexodes. Autrement dit, si on décèle que la partie mélangeuse est faible, on saura que la partie oscillation le sera aussi.
Et par conséquent, avec une lampe faible, il ne faudra pas s'attendre à un fonctionnement normal de l'oscillateur.

La mesure de la tension de cathode sur R43 donne 1,3V. Cela veut dire que le courant cathodique total est de 5mA environ.
Cela veut dire aussi qu'on n'est pas loin de la polarisation nominale de la lampe (-1,5V) et que par conséquent, la lampe n'est pas trop usée.
Malheureusement, ce n'est pas parce qu'une octode n'est pas usée qu'elle fonctionnera parfaitement, on va s'en apercevoir par la suite ...



22. Vérification de l'oscillateur

Une fois la lampe mélangeuse avérée bonne (ou presque), il faut encore vérifier que l'oscillation est correcte :

- sur toutes les gammes
- sur toute la plage de réglage du CV

C'est-à-dire que les fréquences obtenues sont à peu près cohérentes, que l'amplitude des tensions alternatives sont suffisantes, et que leur forme est proche de sinusoïdes.
En effet, une déformation de la sinusoïde dénote un problème de réaction le plus souvent (donc un composant a varié), et un manque d'amplitude, qui peut même se transformer en un arrêt de l'oscillation, dénote une lampe fatiguée ou un couplage insuffisant (du par exemple à un court-circuit partiel d'une bobine, un condensateur fuyard, un mauvais contact)

Voici les 12 oscillogrammes relevés au niveau de la grille oscillatrice de la AK2, en 3 points de chaque gamme (CV min, CV 50%, CV max)



Gamme GO (en haut, CV min. Au milieu, 50%. En bas, CV max





Gamme PO





Sous-gamme OC1





Sous-gamme OC2

Comme on peut le voir, la lampe décroche en OC2. Il y a donc un problème : soit la lampe, soit un composant, soit les deux !


Réparations :

J'ai déjà changé pas mal de composants, mais pas les composants critiques de l'oscillateur local. Je vais donc les vérifier :

Résistance R9 d'alimentation de l'anode oscillatrice : un peu forte, il vaut mieux la changer !



Condensateur de grille oscillatrice, C53 : correct, on garde !



Condensateur d'anode oscillatrice, C5 : correct, on garde !

Je n'ai donc que R9 à changer. J'ai utilisé 4 résistances de 100k soudées en parallèle (soit 25k):




23. Ersatz de AK2

Une fois R9 changé, j'ai relevé de nouveau les oscillogrammes, mais plutôt que connecter la sonde sur la grille oscillatrice, j'ai préféré la connecter après C53 :


L'intérêt étant qu'à cet endroit, pas de composante continue et aussi la capacité de la sonde a moins d'influence sur la fréquence d'oscillation (mais elle en a un peu quand même !)
Au lieu de montrer les 12 oscillogrammes, j'ai regroupé les 12 mesures sans un tableau :

J'ai relevé les fréquences et les amplitudes de la tension

On remarque que la lampe de décroche plus en OC2, mais ce doit être tout juste car à CV min, donc à plus de 21MHz, l'amplitude n'est plus que de 1,4V : ça ne fait pas lourd.
Je décide donc d'étudier un ersatz car je n'ai pas d'AK2 réputée bonne. Ce sera l'occasion de vous présenter un circuit de remplacement de cette octode !

Il n'existe pas de lampe octode chauffée en 4V (autre que la AK1 et la AK2). Il existe une heptode, une version 4V de la EK90, la 4BE6. Malheureusement cette lampe est prévue pour un oscillateur ECO, c'est-à-dire pour osciller entre grille 1 et cathode.
Il faut donc que je trouve un truc ... le truc est d'utiliser une 4BE6 en mélangeuse (ce qu'elle fait très bien) et une triode séparée pour l'oscillateur dont la grille sera reliée directement à la grille 1 de la 4BE6.
La contrainte est qu'il faut que cette triode ne soit pas perturbée par la polarisation automatique (il y a la résistance R43 dans la cathode de la AK2). On a la chance d'avoir la masse disponible sur le support pour relier le blindage de la lampe. On utilise donc cette masse pour la cathode de la triode oscillatrice.

J'ai donc essayé plusieurs triodes :

Test de la PC900, triode prévue pour les tuners UHF de TV : les fréquences sont augmentées par rapport à la AK2, ce qui risque d'être gênant pour l'alignement !



Test de la 4AV6, qui est une triode BF (avec 2 diodes pour la détection, mais on s'en fiche) : les fréquences sont bonnes, mais les amplitudes un peu faibles je trouve



Test de la PC92, triode VHF : les fréquences sont correctes, les amplitudes suffisantes.

Vous noterez que le problème est de trouver des triodes chauffées en 4V (ou à peu près), dont la capacité grille-anode est du même ordre de grandeur que celle de la AK2.
Cela explique pourquoi la PC900 qui doit être à grille cadre pour monter en UHF ne convient pas.
la 4AV6 ne convient pas trop non plus car son gain est grand (produit pente x résistance interne). Pour un oscillateur, on cherche plutôt une résistance interne assez faible, et une E415 ou une AC1 auraient bien convenu, sauf qu'elle prennent de la place ces vieilles lampes.

Allez, je monte l'ersatz suivant ce schéma sur une vieille embase de lampe transco HS ...
... et je l'essaie sur le poste :


Et le fonctionnement est parfait .
Voilà, la partie HF est enfin prête pour l'alignement !



24. Alignement

Maintenant que tout est ok, on peut procéder à l'alignement.
Il faut déjà repérer les éléments ajustables qui ne sont que des condensateurs à air d'ailleurs.
Il y en a 16, non compris celui du réjecteur FI d'antenne.
Il y a 3 trimmers pour chaque sous-gammme OC, 4 trimmers et 1 padding pour chacune des 2 gammes PO et GO.

Voici une vue du châssis montrant tous ces condos ajustables :

C34 est l'ajustable de la trappe FI

Voici maintenant les ajustables correspondants à chacune des 4 gammes :

gamme PO. C37 est le padding d'OL, C36 le trimmer d'OL. Les autres sont les trimmers des circuits d'accord



gamme GO. C39 est le padding d'OL, C38 le trimmer d'OL. Les autres sont les trimmers des circuits d'accord



sous-gamme OC1, C76 est le trimmer d'OL. Les 2 autres sont les trimmers d'accord. Pas de padding d'OL en OC



sous-gamme OC2, C35 est le trimmer d'OL. Les 2 autres sont les trimmers d'accord. Pas de padding d'OL en OC


Le principe de l'alignement est le suivant :

- on aligne une gamme à la fois
- on injecte sur l'antenne une tension HF, faible si possible
- on supprime la CAG. Lorsqu'il y a plusieurs CAG comme sur ce poste, on supprime la ou les CAG de grande constante de temps, on peut conserver la ou les CAG "rapides"
- on choisit un appareil détecteur : soit un voltmètre, soit un oscilloscope, soit l'oreille. Sur ce poste, on peut se servir du néon L11 de la syntonisation automatique (à condition de l'avoir réglée avant)
- on règle la fréquence du générateur sur la valeur maximale de la gamme
- on règle le CV sur le haut de la bande (petite longueur d'onde, donc CV mini)
- on ajuste le trimmer d'OL en premier, de façon à obtenir le maximum de détection
- on ajuste ensuite les trimmers d'accord
- on règle la fréquence du générateur sur la valeur minimale de la gamme (s'il existe un padding pour la gamme)
- on règle le CV en bas de la bande (grande longueur d'onde, donc CV maxi)
- on ajuste le padding d'OL pour obtenir le maximum de détection

Si on utilise L11 comme détecteur, il faut se souvenir que :

- à l'approche de l'accord, le néon s'illumine progressivement
- à l'accord exact, il s'éteint complètement
- si on continue, il s'allume de nouveau pour s'éteindre progressivement lorsqu'on s'éloigne de l'acccord

Si on utilise la tension détectée visualisée à l'oscillo, l'accord correspond à une tension négative minimale

Dans tous ces cas, le générateur HF peut être réglé sur onde pure
Si on utilise l'oreille comme détecteur (ce qui n'est pas très précis), alors, il faut que le générateur produise une tension HF modulée

On doit utiliser les fréquences extrêmes fournies par le constructeur :

Sauf si on n'arrive pas à régler. Dans ce cas, on décale un peu : soit en plus, soit en moins selon qu'on fait le bas ou le haut de la bande

Quelques photos lors de l'alignement de la gamme GO :


Ajustables oscillateur, gamme GO : il faut enlever la parafine de blocage avant d'essayer de les tourner !




CV au mini, haut de la bande, 414 kHz




CV au maxi, bas de la bande, 150 kHz



Blocage des ajustables une fois l'alignement correct (le mastic silicone est tout indiqué car il est facile à enlever)

Je n'ai pas fait de photos pour les 3 autres gammes, mais voici les résultats :

- gamme GO : il y avait un défaut d'alignement dans le présélecteur d'accord (ce qui donnait un second maximum)
- gamme GO : le trimmer d'OL était mal réglé
- gamme PO : le padding d'OL est difficile à régler, j'ai changé la fréquence de 513 à 505 kHz
- gammes OC1 et OC2 : aucun déréglage constaté

Voilà, l'alignement est fait. Le poste est nettement plus performant en GO avec une CAG qui frise les -10V parfois !





A suivre : Finalisation et simplification