Remise en route d'un autoradio Buick-Sonomatic type 980745





Refabrication des boutons



16. Coffrage de moulage

Les boutons ont vraiment mal vieilli. La matière se désagrège avec le temps. Je pense que ce doit être le même plastique que les postes "Fada" tant recherchés, du moins ceux qui sont encore intacts.
Toujours est-il que le plastique se craquèle, s'émiette et les trous s'agrandissent à chaque fois qu'on manoeuvre le bouton. Pour l'instant, les boutons sont toujours fonctionnels, mais ça ne va pas durer : un jour ou l'autre, un des boutons va carrément casser et risquer de se coincer dans le bloc tuner (donc démontage en perspective)

D'abord, à quoi servent ces boutons ? A syntoniser directement sur une station préréglée. En appuyant sur un bouton, on établit le contact permettant d'alimenter l'électro qui débraye le mécanisme de réglage manuel. En même temps, l'appui du bouton enfonce (ou tire) les noyaux des bobines.
D'ailleurs le mécanisme est très astucieux : le bouton appuie sur une tige au bout de laquelle on trouve 2 doigts. Un qui appuie sur une tringle qui pousse les noyaux, un autre qui appuie sur une tringle qui tire les noyaux. L'angle que forme les 2 doigts par rapport à l'axe de la tige détermine la position des noyaux.
Les doigts peuvent donc s'orienter grâce à la rotation de la tige.

La procédure de réglage est donc la suivante (voir le document d'origine, en anglais) :

- enlever le bouton de la station à prérégler en poussant le levier de verrouillage situé sous le bouton vers la gauche, en même temps que l'on tire le bouton
- dévisser la molette au bout de la tige de quelques tours
- en maintenant appuyé la tige, tourner le bouton de syntonisation manuelle
- lorsque la station désirée est reçue, relâcher la tige et resserrer la molette assez fortement
- remettre le bouton en l'enfonçant jusqu'à ce que le levier se verrouille

On voit donc que cette opération nécessite un bouton en bon état, puisqu'on doit le tirer pour l'enlever, puis le repousser. En plus, le levier de verrouillage est une lame ressort coincé dans 2 rainures intérieures du bouton. Si celui-ci se désagrège, à un moment donné, la lame va se déboiter et se perdre.

Bref, je vais tenter de reproduire ses boutons. Pour avoir un fini pas trop mal, la résine s'impose. Il faudra la peindre car il est impossible de teinter dans la masse de la résine en blanc (même crême).
Il faut donc que prenne l'empreinte de chaque bouton (car ils sont tous différents puisqu'ils comportent sur le devant une lettre du mot "BUICK"), empreinte extérieure et intérieure. J'aurai alors 5 moules et 5 contre-moules dans lesquelles je pourrai couler la résine.
Vu le peu d'épaisseur des boutons (qui sont une sorte de doigt à section vaguement rectangulaire), il est indispensable de centrer le contre-moule intérieur et le moule extérieur. Il faut donc un outillage support. Cet outillage, je vais le réaliser en l'imprimant en 3D.

Voici les étapes de la fabrication :

Tout d'abord, dessin des pièces du support :


demi coffrage, formant 5 alvéoles qui tiendront les moules extérieurs en place. Il faut deux pièces identiques




le fond du coffrage qui ne servira que pendant la prise d'empreinte extérieure. Les plots retiendront les boutons pour qu'ils ne flottent pas sur le silicone liquide




les supports "plongeurs" qui serviront de squelette aux contre-moules intérieurs

Une fois les dessins réalisés, après 2 moulinettes (Blender + Slice3r), on peut imprimer les 4 pièces :


1: le coffrage assemblé par boulonnage, 2 : fond, 3 : plongeurs

Il faut serrer les 2 demi-coffrages modérément pour ne pas risquer de les voir s'écarter en leur milieu.





17. Masticage

Avant de prendre les empreintes, il faut boucher les trous, sinon on ferait des boutons aussi abimés que les vrais !
Il y a une contrainte au niveau de mastic à utiliser : il faut pouvoir facilement le retirer, au cas où l'opération de clonage échouerait. On aurait alors comme ressource de repli de remettre les boutons d'origine.
En effet, je ne suis pas sûr du résultat. J'ai déjà fait ce genre de chose, mais jamais des objets aussi fins.
Donc, le mastic sera de la pâte à modeler pour les enfants. Elle est soluble dans l'essence F qui n'attaquera pas le plastique des boutons. Ainsi, si l'opération réussit, les boutons d'origine seront préservés.

Je vais ocmmencer par l'empreinte extérieure. Il faut donc que je mastique les trous, en ayant un support intérieur provisoire pour maintenir le mastic : pas question de remplir le bouton puisqu'il va falloir prendre l'empreinte intérieure !
Donc j'ai dessiné une sorte de sabot qui entre tout juste dans le bouton et qui bouche les trous :


La fente est nécessaire car il y a le renfort central dans le bouton qui sert à pousser la tige. La petite excroissance sert à retirer le sabot du bouton




Insertion des sabots dans les boutons pour retouches éventuelles




ça semble ok, les trous sont bien obturés

Seulement, si je mettais les sabots tels quels, le mastic s'insinuerait dans les interstices du plastique imprimé (il y a des défauts de surface) et en retirant les sabots, j'arracherai le mastic. Or, il faut le mastic reste en place pour la prise de l'empreinte intérieure ! Je dois donc interposer une feuille de plastique lisse qui sera plus facile à décoller du mastic :


Entourée en jaune le petit bout de plastique

Pour remettre le sabot, on met d'abord la feuille de plastique puis on pousse le sabot :


le sabot en place avec la feuille de plastique

Ensuite, il faut obturer le trou de passage de la lame de verouillage. Un simple rectangle de ruban adhésif suffit :


Il restera en place lors de la prise d'empreinte intérieure

Lorsque j'aurai les 2 moules, il y aura un espace de l'épaisseur du ruban adhésif entre les deux au niveau de ce trou. Lors de la coulée de la résine, cet espace sera comblé, mais il sera facile de casser cette cloison.
Je peux maintenant mastiquer. La pâte à modeler se travaille bien en la réchauffant dans la main. J'utilise une lame de cutter (seule, sans le cutter) pour modeler les plats. Pour les arrondis, le doigt est parfait. Voici les 5 boutons mastiqués :



Tant que possible, il faut que l'état de surface du mastiquage soit le plus lisse possible. Mais comme au bout du compte, les boutons seront peints, on a droit à quelques aspérités qu'on pourra poncer avant peinture ...





18. Prise d'empreinte extérieure

La prise d'empreinte se fait le bouton vertical, lettre vers le haut puisque l'autre extrémité est plate. On le positionne dans une boite qu'on va remplir de silicone liquide. Vu que le bouton est creux, mais que son extrémité va reposer sur un support, on va avoir l'intérieur qui va contenir de l'air enfermé. Autrement dit, la masse volumique du bouton plein d'air va être nettement plus faible que le silicone liquide (qui pèse assez lourd, quasiment 1,5), donc si on ne maintenait pas le bouton, il flotterait sur le silicone.
D'où l'intérêt des plots du fond de coffrage :


on met un cordon de pâte autour du plot et on enfonce le bouton. Cela suffit à le maintenir

Voilà les 5 boutons installés :



Puis on installe le coffrage :


Le fond est boulonné au coffrage. L'ensemble repose sur une planchette pour que le fond soit bien étanche (ou à peu près)

Il faut environ 9 cl de silicone. Coulée effectuée :


Il faut des poids et des cales pour que le silicone ne s'échappe pas par des interstices du coffrage ...

La teinte a été faite à l'aide de pigments : cela permet de bien mélanger silicone et catalyseur, lorsque la teinte est uniforme et qu'il n'y a plus de traces blanches (couleur du silicone), le mélange est ok
Il faut attendre suffisamment la prise du silicone. Suivant le dosage de catalyseur, il faut entre 12 et 36h. Il vaut mieux attendre trop longtemps, le démoulage sera plus facile ...

Et voilà, le silicone est pris :



Il faut maintenant enlever le fond du coffrage :





Le fond a été imprimé de faible épaisseur : cela permet de le démonter plus facilement. La pâte à modeler qui a servi pour bloquer les boutons doit être retirée

La pièce du fond est détruite, mais elle n'aura servi qu'à cette première étape.


On enlève maintenant les sabots qui servaient à maintenir le mastiquage des trous




On enlève les petites feuilles en plastique qui ne collent pas du tout à la pâte à modeler : pas de risque de voir celle-ci se décoller des boutons

Passons maintenant à la prise d'empreinte intérieure ...





19. Prise d'empreinte intérieure

Sans décoffrer, il faut maintenant installer les supports plongeurs qui retiendront les contre-moules lors de la coulée de la résine :


La pièce est boulonnée sur une des parties du coffrage

Puis on coule le silicone teinté différemment (ce n'est pas une obligation, c'est juste pour bien voir la différence entre les 2 parties du moule final) :


Et on attend la prise du silicone ...

Bien, après 24h, c'est ok. Je peux démouler :



Il faut faire levier pour sortir les centreurs/plongeurs





A l'aide d'un cutter, on suit le bord du bouton pour séparer les 2 parties en silicone : c'est la jonction entre moule externe et moule interne
Pour sortir la partie interne, il faut s'aider d'une tige non coupante. Le trou central permet un certain écrasement qui facilite l'extraction (elle est empêchée par les formes intérieures)

Aussitôt, on "range" le moule intérieur en le réinsérant sur le support, et dans le bon sens :



On procède de la même manière pour les 4 autres moules intérieurs :



J'insiste : il faut ranger dans le même ordre les moules intérieurs, donc le mieux est de les ranger aussitôt qu'on les a sortis. En effet, les boutons n'étaient pas forcément alignés dans le coffrage, donc si on inversait des moules intérieurs, ils seraient forcément décentrés par rapport au moules extérieurs.
Il faut aussi repérer la position du support des moules intérieurs par rapport au coffrage :


Pas question d'effectuer une rotation de 180° d'une des pièces !

Il faut maintenant extraire les boutons des moules extérieurs. Pour cela, il faut laisser du "mou" au silicone en démontant le coffrage :




On peut alors extraire les boutons. On procède comme avec un gant : on replie le début du moule vers l'extérieur et on pousse à l'autre bout, le bouton sort :



Et on extrait les 4 autres boutons :



Pour l'instant, je laisse les boutons tels quels (je n'enlève pas la pâte à modeler ni le ruban adhésif) au cas où je devrais reprendre l'empreinte d'un des boutons ...
Les pièces doivent être nettoyées. J'utilise de l'essence F qui ramollit la pâte à modeler et dissout les traces de graisse.
D'autre part, il faut enlever les bavures au niveau de la jonction des moules extérieurs et intérieurs afin de ménager un espace (égal à l'épaisseur de matière des boutons) qui permettra de couler la résine.
On peut maintenant tout remonter :



Il n'est pas conseillé de couler la résine polyester aussitôt le démoulage du silicone effectué. En général j'attends le lendemain. Ainsi, le silicone a le temps de finir sa prise et de sécher un peu.





20. Première coulée

"Première" car il n'est pas sûr qu'une seule coulée suffise. Souvent, il y a des bulles qui se manifestent par des manques, surtout que les boutons ont une faible épaisseur.
Il n'est pas utile de teinter la résine, mais je préfère le faire afin d'être sûr du mélange avec le catalyseur. J'ai utilisé un colorant jaune qui sera facilement couvrable avec de la peinture blanche.
Vu que la résine est légèrement bleue, le résultat du mélange est un jaune-vert un peu fluo :



La résine polyester a une prise rapide; dans quelques heures, je pourrai démouler pour voir ce que ça donne...
Allez, j'ai assez attendu, le reste de résine dans le pot de mélange est bien dur, je démoule :


D'abord le coffrage externe




Ensuite, les centreurs de moule intérieur. Un coup de Dremel pour scier les bavures de résine afin de libérer le support





Les nouveaux boutons se retirent aisément




Il va falloir meuler les bavures ...




Les lettres en relief apparaissent




Marrant, la teinte obtenue est proche de celle des boutons d'origine
Sauf que la matière obtenue est tout de même transparente et puis à l'origine, je pense que les boutons étaient plus blancs.

Avant de retirer les moules intérieurs, il faut ébavurer. Et pour ébavurer, il faut attendre encore quelques heures que la résine soit bien dure (elle est encore un peu poisseuse et le coffrage était encore tière lorsque j'ai ouvert, preuve que la prise n'était pas terminée depuis longtemps)
C'est le problème de cette technique de clonage : il faut être patient, toutes les opérations prennent du temps.

Voilà, la résine est maintenant bien sèche. Je peux ébavurer l'ouverture du bouton :


voilà, l'ouverture est libre, je peux enlever le moule intérieur

Il faut procéder doucement, en tirant le caoutchouc à l'aide du pouce et de l'index, mais ne pas utiliser d'objet pour faire levier, on risquerait de casser la résine !



Le premier bouton est complètement démoulé !

Il faut maintenant vérifier que le ressort de verrouillage se monte bien :


Ok ! Au besoin, il faut enlever les bavures qui pourraient rester dans les rainures

Et que le bouton se monte bien sur le clavier et que le ressort se verrouille bien :


Parfait.

Il reste à poncer l'avant du bouton (du moins les surfaces qui se verront une fois monté sur le clavier) :


Ponçage à la main, au 120, puis 240 et finition à la laine d'acier

Et on recommence pour les 4 autres boutons ...


Montage à blanc des 5 boutons

Bien, il semblerait que la première coulée soit la bonne ...





21. Mise en peinture

Pas simple de connaitre la teinte d'origine ... j'ai choisi un blanc cassé. Avec le soleil, la teinte passera au jaune, donc, ça devrait aller :


4 passages à la bombe
La peinture est mate, mais je vernirai l'ensemble lorsque j'aurai peint les lettres, pour solidifier tout ça ...

Peinture des lettres à l'argent :


Il y a déjà une couche de vernis brillant

Il n'y a plus qu'à faire la seconde couche de vernis, à réinstaller les ressorts de verrouillage et à remonter les boutons sur le clavier :


Photo sans flash ...




... et photo avec flash


à suivre : module bluetooth sur entrée externe